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Blog de l'association 2fopen ouverte à tous, organisant randonnées et voyages en France et à l'etranger.

TRAVERSEE DES PYRENEES EN TANDEM. Eté 2009.

 TRAVERSEE EN TANDEM DES PYRENEES. 36 cols. 11 jours.
Après avoir réalisé la traversée à pied en 1998 en 35 jours, nous avons récidivé,  dans le même sens, Est / Ouest, avec cette traversée cycliste, avec tandem et remorque.

 Départ. Lundi 6 juillet 2009.
 Vers 14h, j'arrive accompagné de mon fils, à la gare St Jean de Bordeaux. Manoeuvrer un tandem et sa remorque sur les quais d'une grande gare encolmbrée, en début juillet, n'est pas chose facile. Bien aidé par Pierre, j'embarque dans le TEOZ prévu, à l'heure dite. Merci à la SNCF qui reste un grand service public.
    Bien installés dans le compartiment vélo, mon tandem, ma remorque et moi filons bon train vers le sud. J'admire les paysages de la vallée de la Garonne et voilà Toulouse. Véro est sur le quai. Elle monte dans mon wagon, c'est déjà génial.
    Le train se charge de voyageurs. Nous nous trouvons une petite place. Le train roule, les paysages défilent. Nous arrivons sans encombre à Narbonne gare. Malgré notre egin, la descente est facile. Nous sautons dans le train suivant, propre, moderne qui après quelques arrêts nous laisse à Perpignan.
Sur le quai, il fait chaud, presque nuit. Le rêve commence.

Prologue. Perpignan/ Port Vendres 35km.
Nous sortons de la gare. Avec notre tracassin, long de plusieurs mètres,  nous ne passons pas inaperçus, les gens nous saluent, nous interpellent, viennent nous parler.
Voici nos premiers tours de roue dans la ville qui s'endort.
Les premiers passages de carrefours et de ronds points sont un peu laborieux mais la situation s'améliore rapidement.
C'est la nuit.
Avec nos petites lumières à l'avant et à l'arrière, avec nos gilets jaunes, nous fonçons à toute allure dans la ville. Nous dépassons St Cyprien, contournons Elne et n'avons du mal qu'avec la  nouvelle voie  rapide interdite aux vélos. On nous renseigne gentiment. Et voici Argelès, Collioure et enfin Port Vendres.
   Il est 23h environ, nous nous installons, déjà heureux, dans le gîte pour une nuit courte.

Mardi 7 juillet 2009.
Du gîte de Port Vendres (66)  au camping de  Prades (66). 125 km.

Ce matin, beau temps. Nous nous préparons rapidement et entamons cette première étape, un peu inquiets devant l'ampleur de notre projet. Un rapide passage sur le port pour prendre  photo et faire une première rencontre imprévue  avec un peintre qui nous encourage à "réaliser nos rêves". Nous partons.
Reprenant la route de la veille, nous dépassons Collioure pour arriver à Argelès sur Mer. Nous quittons les grands axes routiers et atteignons Sorède et Laroque. Sur la place de ce petit village, nous faisons une nouvelle rencontre étonnante, avec un vieux monsieur sur un fauteuil roulant qui vient nous raconter qu'il a été un gendarme de Haute Montagne et qu'il a sauvé une petite fille dans la carcasse de l'avion le "Malabar Princess", tombé dans le massif du Mont Blanc...
Nous reprenons la route pour nous rapprocher de la ville de Le Boulou. Afin d'éviter cette agglomération écrasée par le trafic automobile, nous piquons au jugé à travers la plaine pour franchir par des petites routes et le Tech et l'autoroute. Nous prenons ensuite la RD 13, vers 100 mètres d'altitude et entamons alors notre première véritable montée. Une petite route magnifique et peu fréquentée nous mène au col de Llauro à 380m. Premier col, première halte.
    Nous comprenons que notre tandem et sa remorque sont un magnifique ensemble qui exige beaucoup d'efforts pour les montées. La route grimpe maintenant à travers la forêt, traverse Oms et Calmeilles à l'abri bus accueillant, pour nous mener d'abord jusqu'au col Fourtou et ses 646m puis jusqu'au col Xatard et ses  752m. "Xatard? drôle de nom pour un col!" s'étonne Véro.
    Puis c'est la descente sur La Bastide et la remontée, un peu pénible, sur le dernier col de la journée, le col Palomère 1036m.
    Par une petite route forestière presque déserte nous descendons jusqu'à Vinca. Là notre équipage retrouve des couleurs quand nous passons dans les champs d'abricotiers et de pêchers. Revoilà la route nationale que nous suivons pendant quelques kilomètres jusqu'à Prades (340m d'altitude) et son camping communal où nous bivouaquons pour notre deuxième nuit.

Mercredi 8 juillet.
Du camping de Prades (66)  au gîte  d'Ascou (11).

La journée d'hier a été un peu rude. Elle pèse sur nos mollets ce matin quand nous  reprenons la route.
    Notre itinéraire nous fait contourner le Canigou par ses flancs Sud. C'est d'abord une magnifique montée de 1200 mètres de dénivellé, bien ensoleillée. Nous traversons le magnifique village de  Mosset à l'épicerie souriante et la route nous mène alors au col de Jau 1504m où nous n'avons pas, heureusement, le mauvais temps annoncé.

Nous  plongeons dans la  descente jusqu'aux villages de Roquefort et de Bousquet, 150 habitants à eux deux, juste avant de franchir le petit col de Garabeil 1242m et celui des Moulis 1099m.            
C'est le début de l'après midi.  Nous sommes déjà contents de notre journée et nous ne savons pas encore que le plus pénible est à venir. Nous dévalons la route jusqu'au fond de la vallée de l'Aude, gorge étroite et ombragée, passons aux bains désaffectés d'Escouloubre et filons à  grande vitesse vers le Nord. Tellement à grande vitesse que je manque, à 850m d'altitude, la bifurcation vers le col de Paillères. Nous faisons un méchant excédent de 6km avant de prendre la bonne direction, vers les villages d'Usson, Rouze  puis Mijanès.
    Il est alors 17h environ, trop tôt pour s'arrêter dormir ou même pour manger. L'épicerie est fermée, l'hôtelière nous prépare gentiment deux sandwichs. Nous parlons avec le maire, avec des touristes et nous avons un peu de mal à reprendre le tandem. Mais Véro insiste, "Il faut partir, il faut avancer..." Elle a raison. Mais moi qui sais que nous avons encore près de 1000 mètres de dénivellé à gravir, je traine les pieds, je devine que nous allons en baver.
    Dès la  sortie  du village, la pente  est rude et raide. L'effort ne va pas cesser durant toute la montée avec un ciel couvert, et une atmosphère de plus en plus humide, une température de plus en plus fraîche. La route encore  large, reste longtemps bordée d'arbres. Nous dépassons un refuge pastoral. A notre approche, l'occupant disparait à l'intérieur. Véro a decidé, nous franchirons le col, ce soir. Une longue ligne, droite et raide, suivie par une terrible série de lacets nous mène d'abord au col des Trabesses 1940m puis enfin, enfin, dans un brouillard épais et froid au col de Paillères 2001m.

    Il est 20h, nous sommes épuisés et frigorifiés. Nous nous ruons, tandem compris, dans le refuge du col, non gardé. Nous y mangeons quelques bricoles, nous nous habillons au plus chaud possible et remontons rapidement sur notre engin pour essayer de trouver, plus bas, gîte et couvert.
        Dès les premiers tours de roue, c'est le froid qui nous saisit mains et pieds. Nous descendons en essayant de ne pas rouler trop vite. Il fait presque nuit, nous ne rencontrons pas la moindre voiture. Nous dépassons la station de  ski pour stopper à Ascou, au lieu dit "La Forge", vers 1000m. La soirée de récupération dans ce gîte  y sera bien appréciée.

Jeudi 9 juillet 2009.
Du gîte d'Ascou (09) à celui du hameau de Aunac, village de Seix (09).
Bien requinqués par notre soirée d'hier, nous remontons sur le tandem vers 8h30. Au menu de ce matin un ciel couvert et une longue descente sur route nationale depuis les 1093m  du gîte jusqu'aux 990 m d'Ax les Thermes puis aux 540m de Tarascon.  Nous y faisons quelques  courses et reprenons la montée. En une bonne demi-heure, nous voilà à Saurat. Et là, déception, nos amis Fernand et Gilberte ne sont pas là. Nous laissons derrière un volet, les fleurs achetées pour eux. Nous passons au cimetierre  pour nous incliner devant la tombe de leur fils récemment décédé et nous nous apprêtons à repartir. Véro fait alors état de troubles gastriques qui vont nous clouer au sol pendant plus d'une heure. C'est certainement la terrible étape d'hier qui a laissé des traces dans les organismes.
Mais Véro n'est pas femme à se laisser abattre et après avoir grignoté quelques fruits, nous reprenons la direction de l'Ouest. Nous avons 600 mètres de dénivelé à gravir en 11km avec une pente moyenne de 6% et une pointe à 9%, donc un parcours largement à notre portée.
    A mi-pente, nous stoppons dans un virage, pour se restaurer et puis c'est la montée terminale depuis le lieu dit "Prat Communal" jusqu'au col de Port. Et là, surprise, ce dernier est presque entièrement occupé par de nombreux camping-cars. Certains sont là depuis une semaine, le Tour de France cycliste passe ici dans quelques jours. Ce petit effort a fait le plus grand bien à Véro qui a retrouvé (presque) toutes ses couleurs. Col de Port 1249m.
    Le temps est toujours aussi gris et bouché mais nous n'en avons cure, nous avons déjà gravi 10 cols et Véro va bien... alors le reste...
       Nous entamons aussitôt la descente vers Massat en traversant le peu marqué col de Caugnous 947m.
    Arrivés aux 607m de Massat, nous visitons le cimetière pour y trouver traces d'ancêtres de Véro. En vain, nous avons été mal renseignés.
    Nous continuons à descendre cette vallée de Haute Ariège où l'activité économique ne nous semble pas très florissante. Par le CD 618, nous traversons Biert puis le hameau du Castet d'Aleu où nous stoppons dans un petit café découvert cet hiver (voir le texte "Col de Saraillé" ). Quelques échanges avec les propriétaires aujourd'hui âgés, nous sommes déçus de ne pas rencontrer à nouveau leur fils et nous reprenons la route de ce fond de gorge froide et encaissée jusqu'à la bifurcation avec la CD 32. Une poignée de kilomètres de plus et nous voilà à Seix. Il est tard, 19h. Nous nous dépêchons. Nous trouvons un mécano qui nous règle le dérailleur avant, dénichons un gîte pour la nuit, au hameau d'Aunac et tombons en arrêt devant une charcuterie qui nous vend, avec le sourire, fromage, ventrèche et vin rouge.
    Ces emplettes terminées, il nous faut maintenant monter au gite par une petite route perdue. Ce n'est plus qu'une simple formalité sauf que les 5km annoncés nous mènent de l'altitude de 600m à celle de 900 et nous lachent donc quelques sévères raidillons bien agaçants. Heureusement, après tout ces efforts, le gite est accueillant et les vues  superbes.

Vendredi 10 juillet.

Depuis le gîte du hameau d'Aunac à Seix (09) jusqu'au camping municipal de St Béat (31).

    Et ce matin, génial, c'est le retour du grand beau temps. Dans une atmosphère de fraîcheur et de calme, nous descendons jusqu'à la route  départementale  pendant  4 km  environ puis  reprenons la montée. Nous connaissons cette route pour l'avoir gravi cet hiver. Aujourd'hui, pas de  neige sur la route mais beaucoup de joie dans nos coeurs. Les vues, composées de dizaines de verts differents, sur la vallée et ses villages sont immenses et superbes. Nous  prenons de  l'altitude  sans  faire beaucoup  d'arrêts. Voici la sortie de la forêt, le grand lacet et le col où nous arrivons seuls. Col de la Core 1395m.
    Quelques photos, un arrêt de quelques minutes et c'est la plongée dans la descente du beau vallon de Bethmale. Le temps, encore frais, est très agréable pendant toute la descente. Ici, on suppose une  activté  économique  relativement importante en y voyant de nombreuses fromageries et laiteries. Voilà le centre de Castillon où nous faisons une halte café/ravitaillement, comme on les adore. Moment sympathique de détente pendant lequel nous rencontrons nombre de personnes dont un adepte du tandem sportif, comme nous.
    Les batteries rechargées, nous reprenons le chemin de l'effort. Au début, tout va bien, la route est large, peu fréquentée et surtout d'une pente modérée. Nous pouvons donc bien avancer avec le soleil qui nous chauffe les avants bras.
   
Au programme, une série de villages ariégeois à traverser dont le dernier est appelé Saint-Lary. Des affiches y annoncent les festivités du week-end, certaines ont déjà commencé: la route est coupée par un groupe folklorique. Ils ont choisi notre route comme scène ! On apprécie cette pause inattendue, on nous invite à une messe sur le col à 16h30 en souvenir du cycliste italien Fabio Casartelli décédé après une chute de vélo dans ce col en 1995. Certains convoitent notre tandem et désirent l’essayer. Mais il nous faut repartir si nous voulons enchaîner les deux cols suivants. La montée du premier sera rapide et agréable.   Col de Portet d'Aspet 1069m.
   Nous y discutons avec des cyclistes qui ont le même programme que nous, mais sans remorque, avec nuits à l’hôtel et les dames pas loin, avec le fourgon-suiveur... Chacun son style! Comme eux, nous décidons de poursuivre jusqu'au col suivant. La montée est terrible avec une pente régulière à 9 ou 8%. Véro demande un arrêt dès le départ, regarde le profil et le kilométrage, trépigne. Cela s’annonce difficile, les souvenirs de ce col franchi en voiture l’an dernier sont bien présents dans sa tête… mais que faire sinon continuer.
     Il nous faudra près de 2 heures pour atteindre le modeste col de La Clin 1249m puis enfin, un peu plus loin, le renommé col de Mente 1349m, classé "1ère catégorie" aux odeurs de chiens enfermés, toujours aussi désagréables. Nous ne traînons pas, nous comptons encore atteindre Luchon (31).

   Mais à la descente, les freins de notre tandem chauffent, hurlent  et nous obligent à quelques arrêts. Au niveau de Saint-Béat, fatigués et affamés nous repérons le camping municipal et d’un commun accord nous décidons de dormir là.
  Au fond du camping, bien à l'abri derrière notre tandem, nous bivouaquons sous les étoiles. Nous sommes fatigués et tellement heureux.


Samedi 11 juillet 2009.
Du camping municipal de la commune de Saint Béat (31) au camping  de la station de ski de fond de   Payolle (65) .
    Au réveil, le ciel est d'un bleu clair parfait. Certes, la proximité des deux torrents qui entourent le camping, rend tout humide. Certes, les muscles des fesses, des cuisses et des épaules sont un peu raides, mais, vraiment, mais nous ne donnerions notre  place  pour rien au monde.
    Nous quittons cet étrange village, à l'étroit entre les falaises, toujours à l'ombre et traversé par une route internationale surfréquentée.    
    Nous arrivons à la gare de Luchon par une petite route agréable. Juste le temps de faire quelques courses au supermarché du quartier et nous attaquons aussitôt la terrible montée vers le Peyresourde.
    Terrible parce que les  efforts de la veille sont encore présents dans les muscles et les articulations et parce que le soleil chauffe dejà ardemment ses belles pentes orientées plein Est.

    Les premiers kilomètres sont encombrés de voitures, mais après l’embranchement du lac d’Oo, la route est à nous. Il est midi. Après Garin, plus de mystère, le col est en vue, on sait ce qu’il nous reste à gravir. Heureusement, quelques arbres nous offrent un peu d’ombre pendant les arrêts. Sur le dernier kilomètre, les rares voitures qui roulent nous encouragent. Serge envoie le max sur les pédales et nous arrivons au col à bout de souffle.
    Col de Peyresourde (1569m). 


    Pause photo, et nous descendons aussitôt. Les freins chauffent et imposent quelques arrêts. Après un déjeuner rapide en bordure de route et une sieste pour certain, nous continuons vers Arreau et le col d’Aspin. Depuis une semaine, nous ne soucions peu de l’actualité mais rapidement nous comprenons quel sera l’évènement sportif du week-end. La route est à nouveau piquetée de poubelles, comme sur le col de Port en Ariège, puis c’est le lot de camping-cars, voitures, tentes… Nous nous empressons de téléphoner à quelques hébergements, surtout que Jean et Françoise doivent nous rejoindre. Evidemment tout est complet, nous dormirons cette nuit encore à l’hôtel "mille étoiles" !
    Plus nous avançons, plus la route est animée et plus la consommation d’alcool sur les bas côtés augmente ! Alors qu'il n’est que 3 heures de l’après-midi ! Des tireuses sont installées à mi-col. Avec notre tandem-remorque, nous soulevons moult applaudissements, nous sommes même photographiés ! Mais notre surprise la plus grande c’est au col que nous la vivons: des dizaines  de camping-cars sont massés sur les parkings dans une atmosphère de kermesse générale.
 
       Col d'Aspin 1489m.
    Serge se renseigne auprès de la gendarmerie pour l’étape de demain. Toute cette foule ne nous enchante guère, nous ne nous imaginons pas gravir le Tourmalet demain matin dans cette ambiance.
    Sur la descente, nous trouvons encore beaucoup de voitures et de camping-car et nous quittons la route du col d’Aspin pour celle du col de Beyrède.
Col de Beyrede 1417m.

     A l'auberge, nous espérons un repas et un hébergement même sommaire, nous n'y trouverons que de la soupe à la grimace.
    Nous descendons vers Payolle. Ce n’est plus une route mais une piste caillouteuse idéale pour y tester les freins. Vraiment ce tandem nous enchante avec sa très  bonne tenue de route malgré le revêtement lamentable, la pente fuyante et le chargement conséquent !
    Le camping de Payolle nous accueille pour un bivouac extraordinaire.


Dimanche 12 juillet 2009. Du camping de Payolle (65) à  la maison familiale à Pau Buros (64). 83km.
    Ce matin, au lever du jour, c'est l'effervecence générale. Tout le monde se prépare à l'évènement du passage du Tour. La route du col d'Aspin est  déjà saturée, celle du Tourmalet n'est ouverte qu'aux cyclistes... Partout du monde, des gendarmes, des voitures, de la foule. C'est fort sympathique mais ce n'est pas ce que nous recherchons alors, nous décidons de filer à l'anglaise et de descendre à contre-courant cette marée humaine.
   Notre bivouac, merveilleusement humide comme tous les matins, est rapidement  évacué. Nous ne ferons  pas cette étape avec la famille et filons donc vers Campan puis vers Bagnères de Bigorre pour un  petit déjeuner en terrasse. Partout ce ne sont que des cyclistes qui montent vers les cols, des voitures qui s'embouteillent, des camping cars qui racinent sur le bord de la route. Partout une incroyable ferveur bien sympathique et très souvent, des gens qui apercevant notre attelage, nous encouragent et nous félicitent. Nous ne savons pas si nous méritons vraiment ces applaudissements mais nous les acceptons quand même.
    A partir de Bagnères, nous  nous éloignons  du trajet emprunté par le Tour et nous  retrouvons  aussitôt  calme, sérénité et grosse chaleur.
    Pour faire bonne mesure, nous montons dans le massif des Baronnies pour y gravir ensemble notre dernier col, y apprécier tous les deux la qualité du paysage sans nuage, y rencontrer encore et toujours des gens sympathiques.  Col de Palomières 810m.
    Une petite transversale dans la  campagne et  nous voilà arrivés à Lourdes, ville endormie sous la chaleur,  assoupie avant la furie du Tour. Nous passons à la gare SNCF pour vérifier quelque horaire et prenons la direction de Pau en suivant la vallée du gave. Nous traversons la ville, calme, sans encombre. 
    Et soudain, se produit un évènement personnel aussi violent qu'inattendu. Franchissant tout à fait normalement un carrefour, hérissé de panneaux indicateurs, mon regard flane de l'un à l'autre, par hasard, par jeux. Je connais cette ville, je n'attends rien de nouveau à cette lecture. Je regarde ces panneaux sans trop les voir et soudain mon regard est brutalement accroché par l'un d'eux. Il porte la mention suivante: "Centre Hospitalier" et soudain comme une grenade explose à la figure, je me rappelle, je me souviens, je comprends. C'est ici, derrière ces murs que mon petit frère alors âgé de 16 ans, est décédé suite à un accident de montagne en 1976. Celui dont l'image ne m'a jamais quitté tout au long de ces 33 années, a terminé, ici, seul, sans moi, sa courte vie. Le choc est violent, j'en lâcherai presque le guidon. Je n'avais jamais associé ensemble et cette ville et cet hôpital et cet évènement pourtant tellement présent tout au long de mon existence...
    Mais c'est la qualité numéro 1 du tandem: il ne s'arrête pas facilement et aurait même plutôt tendance à continuer coûte que coûte. C'est la raison pour laquelle je ne stoppe pas, et nous continuons à pédaler jusqu'à une petite place de village, écrasée de solei,  rafraichie par un beau lavoir.
    Il ne nous reste maintenant qu'à traverser la ville de Nay, où je retrouve mes Pyrénées Atlantiques et mon Béarn, pour filer par la grande plaine du Pont Long, traverser les villages d'Angais, Ousse, Sendets et atteindre les côteaux de Morlàas et de Buros.
    C'est le terme de notre premièr voyage avec notre beau tandem, il fait très chaud, nous avons soif et nous sommes heureux d'être arrivés là.  
   
Lundi 24 août 2009. Depuis la maison familiale de Buros (64) jusqu'à l'Hôtel des Voyageurs d'Urdos (64). 89km.
    Pour la reprise de notre traversée, nous avons choisi, après en avoir bien discuté entre nous, de rallier au plus vite, au départ de Pau, la belle vallée d'Aspe et son fameux Hôtel des Voyageurs d'Urdos.
    Un ciel bas et presque gris nous accompagne pour nos premiers tours de roue. Nous quittons la commune de Buros, filons jusqu'à Pau, traversons Bizanos et retrouvons la classique route de la vallée d'Ossau en passant par les villages de Rébénacq, Sévignacq et Castet.
Je suis bien évidemment ravi de traverser tous ces lieux si fortement chargés d'histoires personnelles et familiales liées au monde de l'enfance, de ses joies et de ses bonheurs.
    Nous voila dejà arrivés au rond point de Bielle qui nous permet d'obliquer vers la montagne, vers le plateau du Bénou, vers le col de Marie Blanque. Nous avons déjà gravi ce col à plusieurs reprises et nous savons bien que les kilomètres les plus redoutables sont les trois premiers. Logiquement, nous ralentissons  notre rythme pour franchir ce premier obstacle.
    Il est midi environ, la route est déserte, la montagne silencieuse. Sans trop souffrir nous arrivons à la Chapelle de Houndas puis au premier col de la journée le col de Pourteig 881m.
 
   Sans mettre pied à terre, nous traversons le plateau du Bénou, et attaquons aussitôt la montée terminale. Là encore, ce sont les deux premiers kilomètres les plus exigeants. Franchi ce nouvel obstacle, nous n'avons plus que 3  ou 4 km, pas bien raides, pour parvenir au col de Marie Blanque 1035m. C'en est notre 8ème ascension, notre première à tandem. C'est un endroit sympathique, calme que nous adorons. Après les photos  d'usage, nous plongeons dans le versant aspois que nous connaissons un peu moins bien que son cousin ossalois. Les trois premiers kilomètres sont, comme d'habitude, absolument terribles,  même à descendre. Les freins hurlent.
    Nous arrivons au village d'Escot, et entamons à partir de ce point la remontée de la magnifique vallée d'Aspe que nous aimons tant. Notre rythme rapide profite au maximum de la qualité du revêtement de cette route nationale.
    A Sarrance, nous cherchons un café et nous trouvons une charcuterie traditionnelle de qualité. Tant mieux, cela nous convient car les jours à venir ne sont pas riches en commerces.
    Quand nous atteignons Bedous, bourgade toujours pas déviée, nous faisons une nouvelle petite halte dans les commerces d'alimentation. Nous remontons ensuite la longue plaine sud pour atteindre la partie haute de la vallée. Les sites et villages se suivent sans se ressembler: Pont de Lescun, Eygun, Etsaut. Bien sûr, quelques gros camions nous croisent ou nous doublent en pétaradant rageusement mais jamais nous ne nous sentons en danger. Nous apprendrons d'ailleurs dans la soirée qu'un de ces monstres de la route, ce matin même, s'est couché sur le côté en remontant des virages serrés, juste au-dessus d'Urdos.
   Nous  commençons à sentir la fatigue nous plomber les mollets, d'autant plus que la pente se relève maintenant, malgré toute la belle machinerie de notre tandem, l'effort à fournir est de plus en plus pesant.
    Voici le défilé du Fort du Pourtalet, voici les falaises du chemin de la Mâture, voici la centrale électrique et voilà la dernière montée pour le village. Comme toutes les dernières montées quelle que soit la durée de l'étape, elle est pénible et longue. Beaucoup plus  que nous ne l'avions jamais remarqué.
    Voilà Urdos et son extraordinaire Hôtel des Voyageurs où nous  sommes accueillis de la plus belle des façons. Nous sommes ravis d'être là.

 

Mardi 25 août. Depuis Urdos et l'hôtel des Voyageurs jusqu'à St Engrâce et son gîte d'étape, 48km 5 cols.
    Nous quittons  difficilement l'hôtel vers  8h30 en promettant de  revenir rapidement.
    Un bref passage à l'épicerie  récemment ouverte et nous plongeons aussitôt vers le  bas de la vallée. Jusqu'à Lèes, tout va bien, il nous suffit de descendre. Le tandem dans ces conditions, c'est très agréable. Mais dès la traversée de ce petit bourg, la tendance s'inverse: nous montons à nouveau. Par un petit chemin nous prenons la direction de l'Ouest, récupérons la route, plus  large, venant d'Athas et entamons une belle montée.
    Belle par les pourcentages conséquents de la pente que nous nous escrimons à remonter et belle aussi par les magnifiques paysages pastoraux qui se développent sous nos yeux, au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude.
     Nous rattrapons un autre couple de cyclistes que nous suivrons jusqu'au col de Labays. Il est encore tôt, environ 11h, et le ciel reste depuis ce matin uniformément couvert de nuages gris et épais. L'atmosphère est humide et calme, un temps idéal pour faire du vélo. Nous continuons à progresser. Je surveille mon altimètre car il n'y a pas de panneaux indicateurs sur le bord de cette petite route peu fréquentée. Seuls quelques tracteurs, quelques utilitaires nous croisent et nous doublent. Nous  pouvons rouler au milieu de la chaussée sans prendre de risque.
    Soudain, je reconnais le paysage, nous sommes au col de Bouézou 1009m.
      Mais pas de panneau, donc pas de photo, donc pas d'arrêt. Nous enchaînons aussitôt par une petite descente pour pénétrer dans la fameuse forêt d'Issaux. Le temps est de plus en plus humide, avec un brouillard plus qu'épais. Autour de nous, ce ne sont que grands arbres, ressauts calcaires déchiquetés, végétation de jungle avec des mousses et des lianes. Vraiment, on a l'impression d'être dans un de ces films fantastiques décrivant des thèmes irlandais ou écossais. A chaque coup de pédale, on s'attend à apercevoir quelque créature diabolique, quelque monstre fabuleux. C'est un peu tendus que nous stoppons, dans un silence pesant, au pied d'une petite aiguille calcaire, pour une bonne collation bien mise en valeur par Véro.
    Dès que possible, nous  repartons.  La météo reste toujours aussi humide et grise, rien ne bouge, rien ne change. La pente de la route est tout à fait souriante et nous progressons rapidement dans les derniers lacets.
    Voici le col de labays 1351m.
    Nous prenons alors pneu sur la grande route qui monte vers la station de ski de La Pierre St Martin et entamons une nouvelle et dernière  montée de 200m de dénivellé.
    Le temps s'assombrit, il se maintenant à pleuvoir franchement et cela n'est rien par rapport à ce qui va suivre. La route large, totalement déserte nous fait sortir de la forêt puis par, de larges lacets, nous mène au Pas de Guillers 1436m, nouveau col de la journée, peu marqué. "Cela fait deux fois que je viens ici à vélo, et cela fait deux fois que je n'ai pas la moindre idée du paysage, tellement il y a du brouillard..." me fait remarquer Véro, un peu dépitée. 
    Nous continuons à monter car malgré les apparences, nous ne sommes pas encore arrivés à notre point le plus haut. Et toujours ce brouillard qui noie tout autour de nous. 
    Enfin, enfin, surgissant des brumes, voici le carrefour attendu et ses panneaux qui nous intéressent. C'est la fin du Béarn, voici le col de Soudet 1540m. 
     J'abandonne heureusement l'idée, un instant évoquée, de pousser jusqu'au col de La Pierre et nous plongeons aussitôt, versant ouest, côté St Engrâce.
   Nous enchainons rapidement les premiers lacets. La route est belle et bien asphaltée. Mais, devant, Véro remarque que la luminosité baisse fortement. Moi derrière, la tête dans le guidon, je ne vois rien. 
    Cette baisse de luminosité n'est pas du tout fortuite, bien au contraire, car c'est un vrai gros orage qui va nous tomber dessus quelques minutes plus tard. Très vite, voici les premières gouttes, ce n'est pas le crachin un peu brumeux de ce matin, c'est un véritable rideau d'eau glacé qui chute sur nos épaules et qui nous trempe en quelques secondes.
    Nous n'avons qu'un seul salut, c'est la fuite vers le bas, pour perdre, au plus vite, de l'altitude. Malheureusement, il ne nous est pas possible de rouler rapidement car alors, c'est le froid qui risquerait, en plus, de nous attaquer. Véro choisit donc, de façon tout à fait pertinente, de ne pas  rouler trop fort.
    Nous enchainons les virages et les pentes raides. Soudain, dans ce déluge, sugit une pancarte et un carrefour. Nous sommes arrivés au col de Suscousse 1216 m.

    Pas d'arrêt, évidemment. Nous roulons. Rapidement, notre situation atteint le difficile avec ce déluge, ce froid. Les caniveaux  débordent, la montagne crache de l'eau de tous côtés, la route se couvre de plusieurs centimètres d'une eau agitée et boueuse qui traverse la chaussée en tous sens. Nous sommes sous le choc, dans le froid, les mains crispées sur le guidon surtout Véro qui assure toutes les commandes de notre engin. L'eau nous trempe et nous gèle les bras, les pieds, les genoux, le dos, le visage. Tétanisés, frigorifiés, nous ne pouvons esquisser le moindre geste.
    Soudain, dans un virage, au milieu de la route, surgissant d'on ne sait où, voila deux belles vaches, trempées comme nous, avec un air encore plus hagard que le nôtre. Habile, Véro fait ce qu'il faut pour ne pas les percuter. Il ne manquerait plus que cela, si dans ce tableau d'apocalypse, on avait un accident avec une vache...
    Nous enchaînons les virages, pas la moindre cabane ou abri pour nous aider. Nous sommes obligés de descendre encore et encore. Dans le ciel, mais loin de nous, retentissent de nombreux coups de tonnerre. Nous n'avons pas le temps d'avoir peur ni de nous poser de questions. Il faut descendre. Il fait de plus en plus froid, nous sommes trempés. Malgré l'eau qui recouvre toute ou partie de la chaussée, notre tandem tient remarquablement la route, même dans les virages, ses pneus nous prouvent là, heureusement, leur efficacité.
    Enfin, enfin, après plusieurs minutes de cet enfer liquide et froid, la route sort de la forêt et coupe de grandes pentes recouvertes de fougères. Certes il pleut encore, mais je crois reconnaître la partie haute du village. Effectivement, surgissant des nuages, voici les premières maisons, les premiers panneaux. Quelques virages de plus et nous apercevons l'église de Sainte Engrâce puis le café et enfin le gîte. 
    Nous mettons à l'abri notre tandem dans une grange et courons essayer  de nous réchauffer sous la douche.
    Une heure après, nos muscles sont encore douloureux, nous avons encore froid, nous sommes encore essoufflés mais nous sommes tellement heureux d'être là.  

  
  Mercredi 26 août 2009. Depuis le  gîte de St Engrace jusqu'à celui de St Etienne de Baigorry (64)  81km 6cols.
   Le grand beau temps est revenu, le ciel, sans nuage, est d'un bleu limpide. Dans la fraîcheur du matin, nous abandonnons ce bout du monde par une belle première descente. La route déserte et calme nous laisse apprécier de belles vues sur ces moyennes montagnes, toujours très vertes et bien mises en valeur par les nombreux agriculteurs qui continuent à vivre dans cette haute vallée perdue.
    Nous dépassons le barrage et son petit lac, laissons sur notre  gauche les gorges de Kakoueta et retrouvons rapidement le carrefour "Tardets/ Larrau".
    Evidemment, nous prenons la seconde direction, vers la haute montagne, vers les grands cols d'Iraty, nous reviendrons à Tardets une autre fois. A partir de ce carrefour, nous cessons logiquement de descendre pour remonter la gorge étroite et humide du Saison, furieux torrent bien connu des kayakistes. Pas de soleil pour nous accompagner, nous sommes obligés de pédaler  vigoureusement pour nous réchauffer un peu.
     Nous dépassons l'auberge de Logibar sans nous y arrêter et parvenons après un terrible final avec 2 kilomètres à 9%,  au village de Larrau. Il est 11h environ, ll fait très beau, un arrêt s'impose.
    Nous apprécions l'accueil, les meubles, le café dans un beau petit hôtel restaurant du centre et partons sans payer. C'est Véro qui s'aperçoit de notre erreur alors que nous avons déjà parcouru 3km de descente. Nous faisons alors demi-tour et remontons. Nous ne voulons pas laisser des casseroles derrière nous, lors de la traversée de nos belles Pyrénées.  Mais  ce  petit intermède  ne peut pas nous  dispenser de l'épreuve du  jour et peut-être de celle de toute la traversée. Devant nous, en effet, pas très loin mais vraiment très haut, nous apercevons les chalets du col d'Iraty. Une terrible montée, de 8 km avec une moyenne de 9.2%  dont un à 12.5% de moyenne, nous regarde arriver avec notre attelage.
    Au début, tout  va bien, nous progressons assez rapidement, sans trop de dommages. Nous surveillons du coin de l'oeil les deux mamelles du cycliste que sont la distance et l'altitude, sans faire de commentaires à voix haute pour ne pas inutilement affoler son coéquipier. Le panorama s'agrandit et s'élargit lentement sous nos yeux. C'est pénible mais magnifique alors nous continuons à appuyer sur les pédales qui deviennent de plus en plus dures.         La fin est terrible. Je n'en peux plus, il faut pourtant continuer à souffrir. Le temps passe mais l'altitude n'augmente pas bien vite. Nous reconnaissons les endroits découverts pour la première fois, ce printemps, nous enchainons les virages. La route coupe les dernières grandes pentes.

    Soudain, devant nous quelques voitures arretées au bord de la route,  c'est  le signe que nous sommes arrivés dans la zone des Ecolos. Nous franchissons alors le peu marqué mais très connu Col d'Orgambidesca 1284m. 

    Quelques derniers coups de pédale, l'épreuve se termine. Nous atteignons le site principal d'Iraty. Voici le col de Bagargiak et ses 1327m. Il fait beau, nous nous embrassons. C'est la deuxième fois que nous atteignons ensemble, avec notre tandem, cet endroit mythique. Une brève visite de sympathie aux ornithologistes du col et nous plongeons dans le versant Ouest pour d'abord franchir le facile col de Heguichouria 1319m et pour filer à travers cette fameuse forêt d'Iraty. Il fait beau, les vues sont magnifiques  dans ces sous-bois fréquentés par de nombreux touristes venus y  prendre le frais.

    Parvenus sur le vaste site de Cize, nous mangeons, gais comme des pinsons, assis sur l'herbe, en plein soleil. La beauté de l'endroit nous ravit le coeur et pour rien au monde nous ne voudrions être ailleurs.

    Il nous suffit maintenant de remonter les 4km suivants pour atteindre sans difficulté aucune, le grand col de Burdincurutcheta haut de 1135m.  Nous plongeons vers St Jean Pied de Port.

    Nous nous attendons à une descente vertigineuse, nous ne serons pas déçus. La pente est aussitot très forte, agrémentée de nombreux virages que Véro négocie parfaitement avec son aisance maintenant habituelle. Les hasards cartographiques nous font traverser deux petits cols, peu marqués, mais appréciés: le col de Haritzcurutche 784m et le col Haltza 782m.

    Les seuls qui n'apprécient pas cet endroit sont les freins à disque de notre tandem, qui sous ce nouvel effort, hurlent de plus en plus de douleur. Dans ces grandes pentes où la masse à retenir (deux cyclistes plus le tandem plus la remorque) est vraiment importante, le travail à produire par les plaquettes sur les disques est énorme.

     Après la pente trop raide à descendre, à température fraiche, voici la plaine de St Jean, avec des faux plats fatigants et une atmosphère presque étouffante. Le contraste est saisissant.

    Nous atteignons la ville de Saint Jean Pied de Port. Nous n'avons rien à y faire, trop de monde, trop de fureur pour que nous ayons envie d'y faire halte. Nous filons alors aussitôt pour St Etienne de Baigorry où nous arrivons vers 17h après de derniers faux plats, terribles pour les cuisses.

    Une bonne halte-ravitaillement au SuperU du centre ville avec gâteaux, fruits et Schweppes nous redonne des couleurs. Tout va bien. Ce soir, nous dormons seuls dans le gîte de St Etienne, bien renové.

 

 

Jeudi 27 août 2009. Du gîte d'étape de St Etienne de Baigorry à la plage de St Jean de Luz. 72km 3cols.

    Nous espérons avoir un train à Saint Jean de Luz en fin de journée. Nous prenons alors l'option de partir tôt pour assurer cette fin de traversée dans le calme et la sérénité.

    Nous devons remonter  le vallon d'Ispéguy pour quitter le fond de cette vallée de Baigorry. Les panneaux du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, en bon état, nous annoncent une montée avec des pourcentages de pente tournant autour des 6%. Ce qui nous convient parfaitement. Nous gravissons donc les 8km de cette petite route en corniche, quasiment déserte dans ce matin frais et agréable.

    Au-dessus de nous, sur les  flancs des pentes raides, de fougères et d'ajoncs, s'accrochent de nombreux troupeaux de moutons et de chèvres. Malgré l'effort, toujours important à fournir pour faire avancer notre attelage, nous prenons le temps d'apprécier la beauté sauvage de l'endroit. Il fait beau. Voici les derniers virages qui coupent des pentes de plus en plus raides, de plus en plus rocheuses et nous atteignons la frontière espagnole au col d'Ispeguy 672m.

    Pas d'arrêt à la benta du col, je n'ai pas le temps d'acheter ma traditionnelle cloche et nous filons en Espagne. Et là, nouveau ravissement: la route contrairement à ce que j'avais annoncé à Véro,  récemment asphaltée est magnifique, déserte et étroite. Rouler sur ce tapis noir est un véritable régal. Assis-debout  à l'arrière,  je goûte au maximum chaque instant de la descente: un oeil sur les paysages composés de belles pentes de fougères, de superbes paturages, de magnifiques  troupeaux et un oeil sur Véro qui pilote notre ensemble avec sa classe habituelle.

    Nous atteignons sans encombre le fond de la vallée. Au grand carrefour, nous prenons la direction de la France en empruntant logiquement un axe large mais pas très fréquenté.

    Ici, pas de panneaux indicateurs, nous faisons donc des calculs plus ou moins fumeux, plus ou moins approximatifs pour deviner ce qu'il nous reste comme dénivellé et comme distance à parcourir. Ces calculs ne nous servent pas à  grand chose sauf, peut-être, à occuper notre esprit...Nous ne voyons pas le temps passer et hop, voila une aire de repos que je reconnais et peu après,  voila le passage attendu. Col  d'Otxondo 570m  atteint après une montée de 8 km avec une moyenne de 4%. 

    Là aussi, pas d'arrêt sur ce point haut, calme mais encore loin de l'océan. Par une anomalie historique, la frontière  ici, ne suit pas la ligne de partage des eaux. Il nous faudra bien descendre vers le sud pour retrouver la France. A Dancharia nous faisons une halte rapide dans un de ses immenses supermarchés pour y acheter  des fruits et des boissons. Revoilà la France. Plus de douanier pour contrôler comme autrefois, tout est axé maintenant sur la consommation frénétique.

    Nous ne traînons pas, ce n'est pas ce monde qui nous intéresse.  A grands coups de pédale nous évitons Ainhoa et atteignons Sare. Il est midi, c'est dimanche, les terrasses des restaurants sont pleines. Un  petit marché occupe la place du fronton. Nous mangeons  assis sur les gradins, en train d'observer le manège des vendeurs et des touristes.    

     Pas de café pour ce midi, l'endroit n'est pas accueillant pour des gens comme nous. Nous reprenons notre engin et filons vers le dernier effort de notre traversée. Pour faire un peu plus simple, nous passerons par le Nord de la Rhune et éviterons les cols de Lizarietta et d'Ibardin. Une ultime montée  assez courte nous mène  donc au col de St Ignace 169m, totalement noyé sous la fréquentation touristique du petit train de la Rhune. Pas d'arrêt, pas de photo, nous dévalons la pente jusqu'a Ascain.

    Nous avons maintenant hâte de terminer. Il fait de plus en plus chaud. Cette fin nous semble un peu longue avec quelques remontées de côtes imprévues. Finalement nous atteignons Ciboure par ses quartiers populaires. Quelques rageurs derniers coups de pédales et voici  le port et la plage qui n'ont pas beaucoup bougé depuis 1967.

    Ca y est, notre traversée des Pyrénées est terminée, nous sommes arrivés à la fin de notre rêve.

    Nous allons jusqu'au bout de la digue qui marque l'entrée du chenal, cernés par les eaux, par les vagues.  Un tableau magnifique s'étale sous nos yeux:  la baie de St Jean de Luz avec ses trois digues, ses bateaux qui rentrent et sortent du port, son fort de Socoa et le bleu de son ciel.

    Nous n'avons pas envie de nous baigner, nous préférons garder nos habits de cyclistes. Nous sommes  simplement  heureux d'être là.

    Un bref passage dans le centre ville de St Jean pour y goûter à ses tarifs prohibitifs et nous sautons dans un train réservé, merci la SNCF, jusqu'à Bayonne puis jusqu'à Pau. Dans le train, sur les quais, nous discutons avec d'autres cyclistes qui terminent eux aussi un périple, ça sent la rentrée... On échange entre nous conseils techniques, idées de parcours, bonnes adresses, tous prêts à repartir au plus vite et au plus loin!

  Depuis la gare de Pau, pour boucler parfaitement notre périple, nous rallions Buros en empruntant exactement le trajet que je suivais  il y a 35 ans, quand quotidiennement, je me rendais au lycée en cyclomoteur.

 


Serge Capdessus 24 septembre 2009. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

36 cols 


col de Llauro  380m
col Fourtou 646m

col Xatard  752m
col Palomère 1036m
col de Jau 1504m
col de Garabeil 1242m
col des Moulis 1099m
col des Trabesses 1940m
col de Paillères 2001m
col de Port 1249m
col de Caugnous 947m

col de la Core 1395m

col de Portet d'Aspet 1069m

col de La Clin 1249m

col de Mente 1349m
col de Peyresourde 1569m

col d'Aspin 1489m
c
ol de Beyrede 1417m

col de Palomières 810m

col de Pourteig 881m
col de Marie Blanque 1035m

col de Bouézou 1009m
col de labays 1351m
pas de Guillers 1436m   

col de Soudet 1540m
col de Suscousse 1216m

col d'Orgambidesca 1284m 

col de Bagargiak 1327m

col de Heguichouria 1319m

col de Burdincurutcheta 1350m

col de Haritzcurutche 784m

col Haltza 782m

col d'Ispeguy 672m

col d'Otxondo

col de St Ignace.

 

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À propos
Serge Capdessus

Cycliste et randonneur dans les montagnes, les déserts de France et des pays étrangers...
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